Alors, ré-investissant ces pages longtemps abandonnées, je reviens pour rajouter ma petite pierre à ce grand combat contre la conn les oposants au mariage entre personnes de même sexe.
Je suis tombé sur cette perle, signée d’un prof de philo, et qui regorge de raisonnements bancals, de comparaisons vaseuses et d’arguments spécieux. Je n’aime vraiment pas qu’on pervertisse la logique pour lui faire dire ce qu’on veut plutôt que ce qui est.
Petit démontage en règle.
D’abord, le pedigree du monsieur :
Bertrand Vergely, professeur de philosophie (en khâgne au lycée Pothier à Orléans) et
de théologie morale (à l’Institut orthodoxe Saint-Serge à Paris).
Et son (fort long) argumentaire :
<< La question du mariage gay appelle dix
remarques.
I) Il importe d’abord de distinguer la question de
l’homosexualité de celle du mariage gay.
L’homosexualité appartient à la sphère privée et
renvoie à une histoire singulière. C’est ainsi, il y a
des personnes dans la société dont la manière
d’aimer consiste à aimer une personne du même
sexe. Pourquoi en est-il ainsi ? Nous n’en savons
rien et nous ne le saurons sans doute jamais, tant
il y a de raisons possibles à cela. Toujours est-il
qu’il s’agit là d’une réalité que la société se doit de
respecter en offrant aux couples homosexuels une
protection de leur vie privée au même titre que
celle dont peut jouir chaque citoyen.
Jusqu’ici, tout va bien. Prolégomènes nécessaires pour ne pas décrédibiliser la suite en affichant trop tôt une opinion non conforme à l’opinion générale actuelle : l’homosexualité est acceptable…
II) Le mariage gay relève en revanche d’une
question qui regarde tout le monde, celui-ci étant
appelé à bouleverser de manière irréversible la
norme en vigueur en établissant une nouvelle
norme en matière de famille, de filiation et de
transmission, s’il vient à être adopté.
Là, déjà, je conteste. Cette loi ne changera rien pour les couples « mixtes » mariés ou à marier, et quant aux couples de même sexe, la proportion de mariages sera de toute façon très faible. En faire un changement de paradigme fondamental à ce niveau me semble un poil marseillais !
III) À l’origine, le mariage est une donnée
naturelle. C’est ainsi, pour faire naître la vie un
homme et une femme s’unissent et procréent un
enfant. En établissant le mariage comme
institution, la société a donné un cadre juridique à
cette donnée naturelle afin de la protéger.
Plusieurs choses. Il y a des civilisations qui fonctionnent d’une toute autre façon que la nôtre, et où la filiation ne passe pas par le mariage. Poser le mariage comme « naturel » c’est ignorer une bonne partie de l’humanité. Ensuite, si on prend le mariage dans sa forme du XIX° siècle (on ne va pas faire d’archéologie plus avant) il protégeait surtout la filiation. La protection de l’épouse à l’époque, merci bien (répudiable, sans autorité officielle sur les enfants, pas de compte en banque, etc.). il a fallu attendre les diverses loi qui ont fait évoluer le mariage pour qu’il protège vraiment les gens (et surtout le faible contre le fort) et non plus simplement le nom et le patrimoine (et l’honneur de monsieur…).
IV) Il s’avère qu’aujourd’hui le mariage, la filiation
et la transmission ont changé de sens. La
procréation n’est plus l’unique sens du mariage, le
mariage-sentiment ayant tendance à l’emporter
sur le mariage-procréation.
C’est bien ce que je disais, on ne se marie plus pour expressément établir une filiation, mais aussi comme signe de reconnaissance de son amour devant la société et pour bénéficier des protections générées par ce même mariage. On sentirait comme de la réprobation, que je ne m’étonnerait guère. Mais pas de procès d’intentions…
De même, l’enfant n’a plus pour unique sens d’être le fruit de l’union
d’un couple, le désir d’enfant introduisant des
demandes d’enfants de la part de personnes
seules ou des demandes d’adoption ou de
procréation assistée de la part de couples stériles.
Je comprends mal, ça veut dire que les couples ont des enfants parce qu’ils sont des couples et que c’est leur unique but : « fructifier », et les autres ont des enfants à cause du désir d’enfants ? Donc qui ne veut pas d’enfant ne forme pas un vrai couple. Et qui est en couple n’a pas besoin du désir d’enfant, il a un enfant, « naturellement » ? C’est tout sauf clair. Et ça sent surtout la conception familiale d’avant la première guerre mondiale !
V) La question qui se pose dès lors et qui
concerne tous les couples, qu’ils soient
hétérosexuels ou homosexuels, est celle de savoir
si le sentiment doit devenir l’unique sens du
mariage et si le désir d’enfant d’où qu’il vienne
doit devenir la raison d’être de ce dernier.
La réponse est dans les lignes précédentes : c’est déjà le cas !
Pourquoi avoir un enfant si ce n’est par désir d’en avoir un ? Connaissez-vous des amis hétéros mariés qui ont un enfant par contrainte ? Ne le désirant pas spécialement ? Certes, on peut aussi avoir un enfant pour assurer l’héritage et la perpétuation du nom, pour ne pas disperser l’héritage. C’est profondément charitable et ça assure à cet enfant un foyer aimant et uni, pour sûr !
Elle est également le fait de savoir si ce qui se fait doit
devenir la norme de ce qui est.
C’est un peu sur ce principe qu’évolue le code civil depuis qu’il est institué. Sinon, on en serait resté au code napoléonien…
Si tel est le cas, il faut savoir que rien ne va
pouvoir s’opposer formellement à ce qu’on lève
désormais l’interdit de l’inceste au nom du droit
de s’aimer pour tous. Le sentiment en dehors de
toute donnée naturelle devenant la norme, au
nom de l’amour un père pourra réclamer
d’épouser sa fille voire son fils, une mère son fils
voire sa fille, une soeur son frère ou sa soeur, un
frère sa soeur ou son frère.
Et voilà, c’est l’embardée, nous sommes dans le fossé de la pensée, la logique a déraillé. Revoyons au ralenti. Si on se marie par amour et non plus pour avoir des enfants, alors un père pourrait épouser sa fille, etc. Moui, bon, alors en quoi le mariage de personne de même sexe est-il concerné ici ? Il fallait proférer ce genre d’argument quand le législateur a séparé mariage et filiation. C’est un combat d’arrière-garde, voir plus retardataire encore ! Dans les faits, on constate que l’inceste n’a pas fleuri à l’occasion de ces évolutions, sauf dans quelques cas de familles perturbées… hétérosexuelles.
De plus, il ne s’agit aucunement d’amour ici : l’inceste pose un problème de renouvellement génétique qui ne peut se résoudre en légiférant, c’est biologique, cela augmente fortement les risques d’anomalies chez l’enfant.
Et puis surtout, une fois de plus, ça n’a rien à faire dans ce débat sur les couples de même sexe, c’est une confusion volontaire, pour égarer le lecteur et par glissement successifs accoler le sujet à une thématique odieuse pour le salir. Bravo, bien essayé !
Si tel est le cas, tout étant noyé dans l’amour
érigé en droit au-dessus de toute réalité, plus
personne ne sachant qui est qui, il y aura
fatalement une crise d’identité et avec elle un
problème psychique majeur. Les tendances
psychotiques générées par l’individualisme
hédoniste pour qui le réel n’existe pas et ne doit
pas exister vont se renforcer.
Un père étant aussi un amant et une mère une
amante, il va devenir impossible de parler de père
et de mère et donc de savoir qui a autorité pour
élever des enfants. En ce sens, la famille va
littéralement exploser.
Blablabla, l’inceste c’est mal. Oui, on sait, merci. Soyez plus pertinent, Monsieur !
Enfin, l’interdit de l’inceste étant levé, c’est le
sens même du devenir de l’être humain qui va
être atteint, le sens de cet interdit étant de
rappeler aux êtres humains qu’ils sont faits pour
devenir, en épousant, non seulement un autre
hors de sa famille mais aussi de son sexe et non
pour demeurer dans la même famille et le même
sexe.
« …rappeler aux êtres humains qu’ils sont faits pour… » : postulat d’une volonté supérieure distribuant les rôles, infiltration de la théologie dans le débat, ou du moins usage d’une forme de dogme tombée des nues. Soit on accepte les arguments dogmatiques, et la conversation prend fin, car un dogme ne se démontre ni ne se discute, soit on laisse toute volonté supérieure en dehors, et on continue.
En ce sens, le législateur qui va devoir se
prononcer sur le mariage homosexuel a de
lourdes responsabilités. S’il décide de faire du
mariage une affaire de droit et de sentiment en
dehors de toute donnée naturelle, il introduira
dans la cité la ruine possible de l’identité
psychique, de la famille ainsi que du devenir
symbolique de l’être humain.
Premier instant mélodramatique, on veut faire du mariage une affaire de droit uniquement ! C’est un drame. (Notons qu’on voulait en faire une affaire d’amour, au paragraphe précédent, et que ça posait aussi problème…)
C’est déjà le cas, pour ce qui nous concerne : le mariage civil ! En dépit du terme mariage, récupéré de l’église à la révolution, il s’agit d’un contrat d’union civile qui réglemente les droits et devoirs des contractants envers eux-mêmes et leurs enfants. Et depuis plus de 200 ans, ça fonctionne plutôt bien, merci.
Pour les sacrements, la Nature et le reste, adressez-vous à votre confesseur.
VI) Au-delà de cette question qui concerne tout le
monde, les hétérosexuels comme les
homosexuels, la question du mariage gay pose un
certain nombre de questions qu’il importe
d’examiner avec attention, la principale d’entre
elle étant celle du même. Au nom de l’égalité et
du refus d’établir des discriminations, est-il
possible d’établir une équivalence entre tous les
couples ?
Petite tricherie cardinale, on nous a promis dix points, mais quelque chose me dit qu’ici, on en rajoute un discrètement pour faire un compte rond!
Trois éléments s’y opposent :
VII) En premier lieu, pour une simple question de
réalité et de donnée objective, on ne peut pas
mettre sur le même plan hétérosexualité et
homosexualité, un homme et une femme n’étant
pas la même chose que deux hommes et deux
femmes. Les couples hétérosexuels ne sont pas
des couples homosexuels ni les couples
homosexuels des couples hétérosexuels. Établir
une équivalence entre les deux revient à nier la
réalité en opérant une grave confusion entre
genre et pratique.
Avant d’être une pratique, l’hétérosexualité est un
genre et pas une pra t ique, a lors que
l’homosexualité est une pratique et non un genre.
La preuve : pour être homosexuel, il faut d’abord
être homme ou femme.
Moi pas comprendre. Le masculin ou le féminin sont des genres. L’hétérosexualité n’est pas un genre. Elle est une façon d’interagir avec ses semblables, et suggère une différence de genre, alors que l’homosexualité suggère une identité de genre. Et toutes deux sont donc des « pratiques ». Cela s’appelle jouer sur les mots.
Si demain, au nom de
l’égalité, tout est mis sur le même plan, la
pratique particulière dictant ses lois au genre, un
processus dangereux va s’engager à savoir celui
de la disparition à plus ou moins long terme de la
différence sexuée. On va alors assister à un effet
dictatorial. Pour que les homosexuels puissent
exercer leur droit à l’égalité, l’humanité va être
interdite de faire une différence entre homme et
femme, voir dans l’hétérosexualité un fondement
et non une pratique étant considéré comme une
pratique discriminatoire.
Mais oui, les homosexuels vont abolir le genre, le dimanche et noël, aussi, tiens ! Il se trouve que l’égalité homme/femme est un combat humaniste, et pas spécialement « homosexuel » d’une part. D’autre part égalité ne signifie par identité. Donc vouloir hommes et femmes égaux ne signifie pas effacer les différences, mais juste ne pas hiérarchiser. Et il en va de même pour les couples homosexuels et hétérosexuels.
Je rajoute que si l’hétérosexuel est attiré uniquement par les individus de sexe opposé, l’homosexuel est attiré par les individus de son propre sexe. Il n’a donc aucun intérêt à gommer ou nier la différence des sexes.
Une nouvelle humanité
va voir alors le jour.
On nage dans la science-fiction…
Nous vivions jusqu’à présent
dans un monde marqué par la différence. Nous
allons connaître un monde nouveau fondé sur
l’indifférenciation. Quand on sait que la différence
est le propre du vivant et l’indifférencié le propre
de la mort, un principe de mort va désormais
servir de principe pour guider l’humanité.
Ouh, alors ça, c’est vraiment un argument spécieux de copie du bac. Si on m’explique sur quels faits cela se fonde et ce que cela implique logiquement, je paie un carambar ! « La différence est le propre du vivant »… différence de qui de quoi par rapport à quoi… mystères. Mais ça fait son petit effet sur le lecteur peu enclin à se triturer les méninges, et déjà partiellement convaincu par l’argumentaire.
VIII) La difficulté soulevée par l’équivalence
décrétée entre tous les couples se retrouve au
niveau des enfants. Comme il semble qu’on l’ait
oublié, il importe de rappeler qu’un couple
homosexuel ne peut pas avoir d’enfants. On peut
le déplorer, mais c’est ainsi, deux hommes et
deux femmes ne peuvent pas procréer. Ceci veut
dire que, pour qu’il y ait procréation l’homme a
besoin de la femme et la femme de l’homme.
Les homosexuels réclament de pouvoir avoir un
enfant. Ils se fondent pour cela sur le droit qui est
accordé aux couples hétérosexuels d’adopter ou
de procéder à une procréation médicalement
assistée. Ils oublient ou font semblant d’oublier
que ce n’est pas le droit qui les empêche d’avoir
un enfant mais la Nature.
Hop, de nouveau la « Nature ». Alors que « biologie » aurait été un terme parfaitement adapté, mais peut-être un peu froid, convoquons la Nature pour attraper le lecteur aux tripes. On touche à la Nature !
« Vingt-Dieux, Germaine, passe-moi la carabine, je vais défendre la Nature ! » Et si la nature devait tant être respectée, on ne donnerait pas la possibilité aux couples stériles de procéer/d’adopter. Après tout, s’ils sont stériles, c’est la Nature !
Certes, un couple hétérosexuel peut adopter ou
passer par la procréation assistée afin d’avoir un
enfant. Il importe de souligner toutefois qu’un
enfant adopté par un couple hétérosexuel n’a pas
et n’aura jamais le même sens qu’un enfant
adopté par un couple homosexuel. Lorsqu’un
couple hétérosexuel adopte un enfant, il le fait
pour pallier un problème de stérilité. Lorsqu’un
couple homosexuel veut adopter un enfant, il le
fait pour contourner une impossibilité. Le registre
symbolique n’est pas le même, vouloir contourner
une impossibilité à l’aide d’une loi nous situant
dans le domaine de la fiction prométhéenne et
non plus dans celui de la réalité humaine.
Donc, les couples de même sexe désirant un enfant n’ont rien à voir avec un couple hétérosexuel stérile dans la même situation. Ils ne sont pas constitués de deux humains voulant un enfant, pour lui donner de l’amour, l’éduquer, lui donner des valeurs, en faire une belle personne… Quant à la fiction prométhéenne, qui peut-être assez idiot pour imaginer qu’un couple homosexuel se croie ou veuille se faire croire auteur biologiquement de l’enfant à 100% ? Ils sont sans doute bien plus réalistes que ce monsieur…
« On ne ment pas aux enfants », justement. On touche là à la dissociation engendrement/éducation, et ça dérange beaucoup. On peut « singer » l’engendrement biologique avec un couple hétérosexuel, ça fait moins désordre.
Jusqu’à présent, la rationalité de la société repose
sur la notion de limite et avec elle sur l’idée que
tout n’est pas possible. Tout ne se décrète pas.
Tout ne se fabrique pas. Limite positive autant
que protectrice, l’idée que tout ne se décrète pas
nous préservant de la dictature du Droit et l’idée
que tout ne se fabrique pas nous préservant de la
dictature de la Science.
Je vous rassure, Monsieur, il reste bien des limites pour nous protéger. Et puis ce qui précède et ce qui suit est tout de même un sacré salmigondis amphigourique pour dire « l’homme ne devrait pas outrepasser le limites imposées par Dieu » mais sans utiliser la notion de Dieu, qu’on remplace par « la Nature ». Nature qu’une fois de plus on affuble d’une volonté, la pauvre. De plus, je ferais remarquer que par définition, rien de ce qui est humain n’est naturel. Ce même argument est réemployé à chaque débat entre progressistes et conservateurs à tendance religieuse qui ne s’assument pas. Si l’on respecte la nature, alors ne mangeons plus d’aliments cuits, surtout pas avec des outils de métal forgé, ne nous vêtons pas, n’autorisons plus la péridurale, ni la césarienne pour les femmes, etc. Elle a bon dos, la Nature !
Avec le mariage gay et
l’ouverture à la possibilité pour couples gays de
recourir à l’adoption ainsi qu’à la procréation
médicalement assistée, il va en être autrement.
L’idée que rien n’est impossible va voir le jour en
enterrant la notion de limite. Voyant le jour, plus
rien ne va nous protéger de la dictature du Droit
et de l’idée que tout peut se décréter. Plus rien ne
va nous protéger de la dictature de la Science et
de l’idée que tout peut se fabriquer. On obéissait
la Nature qui, comme le dit Montaigne, est « un
doux guide ». Nous allons désormais obéir à la
Science et au Droit. La Nature évitait que
l’Homme n’obéisse à l’Homme. Désormais,
l’Homme va obéir à l’Homme sans que l’Homme
n’obéisse à quoi que ce soit. Dostoïevski au 19e
siècle comme Léo Strauss au 20e siècle voyaient
dans le « Tout est possible » l’essence du
nihilisme. Ils redoutaient comme Nietzsche que
celui-ci n’envahisse l’Europe en ne se faisant
aucune illusion cependant à ce sujet. Avec le
mariage gay, l’adoption et la procréation assistée
pour couples gays, le « Tout est possible » va
devenir une réalité et, avec lui, le nihilisme sous
la forme du triomphe sans partage de la Science,
du Droit et de l’Homme.
« …la Science, le Droit et l’Homme. » Manque Dieu, et c’est bien ce qui dérange.
Pour ma part je dirais « Science, Droit et Humanisme » et point n’est besoin d’y rien rajouter.
Je passe sur les prédictions apocalyptiques de ce paragraphe, on nous le ressort à peu près identique à chaque débat, là aussi…Nil novi sub Sole.
IX) Dans le même ordre d’idées, il importe de
distinguer un enfant que l’on fait d’un enfant que
l’on fait faire.
« Ah ben ça, c’est ben vrai, c’est meilleur quand c’est fait maison ! » (Mère Denis)
(Bon, ok, tourner l’adversaire en dérision sans autre argument, c’est pas très classe comme procédé… mea culpa !)
Quand un couple fait un enfant,
l’enfant est une personne. Le fait de faire un
enfant se passant entre des personnes qui
s’aiment et pour qui l’enfant n’est pas une
marchandise ni l’objet d’un trafic. Quand on fait
faire un enfant par un tiers, l’enfant n’est plus une
personne, mais un objet voire une marchandise
dans un trafic. Témoin le fait de louer le ventre
d’une mère porteuse ou les services d’un géniteur.
Lionel Jospin faisait remarquer qu’il n’y a pas un
droit à l’enfant, mais un droit de l’enfant. Si le
mariage gay avec procréation assistée est adopté,
le droit de l’enfant va être sacrifié au profit du
droit à l’enfant.
Donc tous les enfants adoptés, nés par insémination avec donneur, etc. dans les familles hétérosexuelles sont des sous-enfants, des objets dont on peut disposer ? Et ces mêmes familles n’avaient pas droit à l’enfant ? On va leur retirer ?
Sous prétexte de donner un droit
à l’enfant aux homosexuels, l’enfant considéré
comme objet n’aura plus droit symboliquement au
statut de personne. Alors que le monde des droits
de l’homme s’efforce de lutter contre la réification
de ce dernier, au nom du droit à l’enfant, on va
réifier ce dernier.
C’est bien ça, un enfant qui n’est pas procréé par le couple qui l’élève est forcément un sous-enfant, un truc qu’on jette au premier tracas. Pas d’amour possible s’il n’y a pas de gènes en commun.
Quant à la vente d’enfant en tant qu’objet, je me permettrai de questionner la pratique (heureusement désuète) de la dot, par exemple. Ou les mariages arrangés entre familles, etc. Toutes pratiques disparues (ou on l’espère) en France, mais grâce aux gens de gauche qui se sont battus pour ça contre les réactionnaires et les conservateurs. ..Qui maintenant se basent sur ces droits acquis par leurs opposants au cours des siècles pour combattre la suite logique de cette évolution.
Il va y avoir en outre des questions pratiques à
gérer. D’abord le coût. Pour qu’un couple
d’hommes puisse avoir un enfant, il va falloir
louer le ventre d’une mère porteuse. Ce qui n’est
pas donné, le prix moyen se situant entre 80.000
et 100.000 euros. Comme les couples gays vont
réclamer que la facture soit réglée par la Sécurité
Sociale au nom du droit à l’enfant pour tous et de
l’égalité, comment celle-ci va-t-elle faire pour
faire face à cet afflux de dépenses au moment où
son déficit se creuse ? Qui va payer et comment ?
Par ailleurs, l’État prenant en charge les mères
porteuses, il va falloir aller chercher celles-ci ou
bien créer un service spécial.
Cette partie du problème se posera plus tard, mais il y aura des débats entre gens mieux informés et plus intelligents que ce monsieur et moi : je ne m’y attarderai pas.
L’État se refuse à
devenir un État proxénète en autorisant et en
organisant le trafic du sexe de la femme.
Et hop, un mot glissé pour salir le sujet, un !!
Pour que la procréation médicalement assistée puisse
exister, il va falloir qu’il devienne quelque peu
trafiquant et qu’il organise le trafic des ventres.
Et un autre ici ! Sympathiques qualificatifs que les gouvernements belges et espagnols apprécieront. Notons au passage la dégradation morale et sociale qui règne dans ces royaumes depuis l’adoption de ces lois…
Ce qui ne va pas être une mince affaire. Quand un
couple ne sera pas content du bébé d’une mère
porteuse et qu’il décidera de le rendre, que va-ton
faire ? Obliger le couple à garder l’enfant ? En
faire un orphelin ? Payer la mère porteuse pour
qu’elle le garde ? Et qui payera le psychiatre qui
devra soigner l’enfant ainsi ballotté et quelque
peu perturbé ?
Tout le monde n’a pas un point de vue aussi flou et fluctuant que vous, très cher !
L’Engagement signifie encore quelque chose pour certains !
X) Ce problème rencontré dans le fait de faire
faire un enfant va se retrouver avec celui de
l’éduquer. Une chose est d’avoir un père et une
mère, une autre d’avoir deux pères et deux
mères.
Obliger un enfant à naître et à grandir dans un
couple homosexuel va se confondre avec le fait
d’interdire à un enfant de savoir ce qu’est le fait
d’avoir un père et une mère. A-t-on le droit
d’enlever ce droit à un enfant ? Si tel est le cas,
cela voudra dire que pour que les homosexuels
aient droit à l’égalité les enfants des couples
homosexuels seront condamnés à ne pas être des
enfants comme les autres.
Cher Monsieur, nous sommes en 2013. Cette question que vous soulevez est pertinente, mais a déjà été étudiée par des spécialistes, et ce depuis 30 ans aux États-Unis. Un peu moins longtemps en Europe, mais tout de même. Et la grande majorité des études démontre qu’il n’y a aucune différence entre les enfants élevés dans des couples homo-parentaux ou non. Renseignez-vous, avant d’écrire.
Certes, les orphelins n’ont pas leur père ou leur
mère. Mais, il s’agit là d’un accident et non d’une
décision. Avec le droit pour couples gays d’avoir
un enfant, les orphelins ne seront pas le produit
d ’ u n a c c i d e n t d e l a v i e mai s d ’ u n e
institutionnalisation délibérée. Ils seront obligés
par la société de n’avoir soit pas de père, soit pas
de mère.
Donc en plus de la souffrance due à la perte d’un parent, l’orphelin est mal barré dans la vie, il sera bancal.
De plus, si un enfant a deux pères ou deux mères, il est malgré tout orphelin ? 1+1=1, étrange arithmétique.
Et que dire aux femmes ayant désiré faire un enfant seule, ou dont le compagnon est parti sans garder le contact, par exemple ? C’est une fraction infime de la population, me direz-vous, mais soyons réalistes : les enfants adoptés ou « procréés avec assistance » par des couples homosexuels aussi !
À cette situation qui ne manquera pas de produire
à un moment ou à un autre des mouvements de
révolte s’adjoindra une autre difficulté. L’enfant de
couples gays n’aura pas droit à une origine réelle,
mais à une origine absente. À la case père ou
mère il y aura un blanc. Ce qui n’est pas simple à
porter. Qu’on le veuille ou non, l’enfant ne pourra
pas ne pas se sentir coupable, la propension
naturelle des enfants étant de se culpabiliser
quand l’équilibre familial n’est plus respecté.
Là encore, on brode sur du vide. Il y a des gens dont c’est le travail d’observer ces choses-là, comme je l’ai dit et des études qui montrent l’inanité de ces craintes. De plus, là aussi, on a du mal a séparer engendrement et éducation. Et à admettre qu’on peut expliquer à un enfant qu’il a une ou deux mère(s) et un coup de pouce médical, ou qu’il a été adopté… Sans que cela pose de problème.
En conclusion, les partisans du mariage gay, de
l’adoption et de la procréation médicalement
assistée pour couples gays rêvent quand ils voient
dans ce projet un progrès démocratique sans
précédent. Ils croient que tout va bien se passer.
Cela ne va pas bien se passer. Cela ne peut pas
bien se passer pour la bonne raison que tout a un
prix.
Voilà une bonne grosse ficelle judéo-chrétienne : « ça va se payer ! »
Ne croyons pas que l’on va remettre la différence
sexuée en voyant en elle une pratique parmi
d’autres sans que cela ait des conséquences.
Une fois de plus, là n’est pas la question non plus ! Tentative de détourner le problème vers des thématique inquiétantes et effrayantes. Pourquoi la différence des sexes serait-elle gommée ? C’est bien commode d’effrayer le lecteur avec des propos sans fondements, confondant égalité avec indifférenciation, sans crier gare.
N’imaginons pas que des enfants fabriqués, à qui
l’on aura volé leur origine, seront sans réactions.
Encore la même crispation sur engendrement/éducation. Vous les voyez, les bataillons d’enfants adoptés qui se révoltent tous les jours ?
Ne pensons pas que la disparition des notions de
père et de mère au profit de termes comme
parent I ou parent II permettront l’existence
d’une humanité plus équilibrée et mieux dans sa
peau.
Argument perfide, car ces termes n’ont pas cours dans le projet de loi. Mais qu’importe, calomnions, il en restera toujours quelque chose !
On prétend résoudre des problèmes par ce projet
de loi. On ne va pas en résoudre. On va en créer.
Le 20e siècle a connu la tragédie du totalitarisme
et notamment du projet insensé de créer un
homme nouveau à travers une race ou une classe.
Ne cédons pas à la tentation de fabriquer un
homme nouveau grâce à la Science et au Droit.
Tout ne se décrète pas. Tout ne s’invente pas.
Il existe des données naturelles de la famille. N’y
touchons pas. Ne jouons pas avec le feu. Ne
jouons pas à être des apprentis sorciers. Le Tao
voit dans la complémentarité entre le féminin et le
masculin une loi d’équilibre dynamique
fondamentale de l’univers. Ne touchons pas à
cette loi d’équilibre.
Revoilà l’argument « Nature ». C’est souverain, surtout sur la fin, pour ferrer le lecteur un peu plus et s’assurer qu’il réfléchit avec ses tripes, et non son cerveau. D’ailleurs, on en profite pour discréditer l’intellect aussi, au passage ( la Science ), histoire ne de pas être emmerdé avec les raisonneurs dans mon genre.
Au passage, on convoque le Tao, on mange à tous les râteliers, pas de chichis !
Nous avons tous des amis homosexuels que nous
respectons, que nous estimons et que nous
aimons. Qu’ils soient d’une profonde moralité,
nous n’en doutons pas. Qu’ils soient capables
d’élever un enfant, nous n’en doutons pas non
plus. Qu’un enfant puisse être plus heureux dans
un couple homosexuel que dans certains couples
hétérosexuels, nous n’en doutons pas une fois
encore. Que cela soit une raison pour légaliser le
mariage gay et permettre l’adoption ou la
procréation médicalement assistée pour couples
gays, c’est là une erreur.
Petit couplet de dé-culpabilisation, en écho au début du texte.
« Mais je ne suis pas raciste, j’ai moi-même un excellent ami noir ! ».
Une chose est une loi, une autre est un cas
particulier. On ne fait pas une loi avec des cas
particuliers, mais à partir d’une règle tenant
compte de tout ce qu’il y a derrière. S’agissant du
mariage gay avec adoption et procréation
médicalement assistée, il y a derrière une telle
règle trop de choses dangereuses et graves pour
que celle-ci puisse devenir une loi allant dans le
sens des intérêts fondamentaux de l’être humain.
« Trop de choses dangereuses et graves », abstenons-nous de décrire plus loin, en espérant qu’il reste quelques bribes de nos élucubrations précédentes. Et si on ne fait pas une loi à partir d’un cas particulier, je rappelle qu’il y a déjà pas mal de couples de cas particuliers qui élèvent des enfants de cas particuliers, et que les cas particuliers représentent tout de même près de 8% de la population. C’est, il me semble, assez pour être pris en considération et légiférer, et trop peu pour constituer une quelconque menace telle que ce monsieur décrit.
La Gauche a le pouvoir à l’assemblée et peut
décider de passer en force grâce au nombre de
ses voix et ce afin de paraître de gauche. Elle peut
choisir de préférer la Gauche à l’être humain.
Elle s’honorera de choisir l’être humain plutôt que
la Gauche, sachant qu’en servant l’être humain
elle est sûre de servir ses propres intérêts alors
que l’inverse n’est pas sûr. Tant il est vrai que l’on
n’a jamais intérêt à scandaliser l’honnête homme
en l’obligeant à devoir se soumettre par la
contrainte à ce que sa raison répugne à accepter
par respect pour la raison.
Ce n’est pas bien clair, son charabia, surtout sur la fin… Mais en gros, la Gauche devrait se renier pour lui faire plaisir.
Le mariage gay qui nous propose une grande
noyade collective dans l’amour n’est pas
raisonnable.
Restons dans l’aigreur et la discrimination, vous avez raison.
La mise en question de la distinction
entre homme femme ravalée au rang de pratique
sexuelle n’est pas raisonnable.
Alors vu comme ça, je peux choisir d’être une femme qui aime les hommes ou un homme qui aime les hommes ? Non, parce que si la distinction sexuelle devient uniquement basée sur la pratique sexuelle, vu mes préférences pour la gent masculine, ça me laisse ce choix là.
Vouloir avoir un
enfant à tout prix en recourant soit à l’adoption,
soit à un père donateur, soit à une mère porteuse
n’est pas raisonnable. Ne plus parler de père et de
mère mais de deux pères ou de deux mères n’est
pas raisonnable. En un mot, bidouiller une famille
grâce à un montage juridico-médical et appeler
cela famille n’est pas raisonnable.
Et que font la plupart des couples non mariés ? Sans parler de ceux non mariés et stériles ?? Les famille recomposée, etc. ??? On n’est plus à l’ère de la famille simple : papa, maman, la bonne et moi, je crains. Il faut protéger les gens tels qu’ils sont, et non pas essayer de les faire rentrer dans les cases inadaptées d’un système de pensée.
Les mots ont du sens quand ils renvoient à une réalité.
Mais pas quand vous les employez, Monsieur !
Quand ils ne sont plus que ce que l’on décide qu’ils doivent
être, on n’est plus dans le domaine du sens, mais
de la confusion.
Je rappelle qu’un mot désigne une chose par convention commune, et que le couple mot/chose diffère dans chaque langue. Et que ces conventions évoluent dans une même langue (parlez-en aux académiciens qui refont le dictionnaire en permanence !)
Le règne de la confusion, sa dictature et avec
elle la confusion des esprits et
des comportements, n’est-ce pas ce dont nous
souffrons déjà et qui risque de nous engloutir ?
En tout cas la confusion des termes, des arguments et des images a trouvé son règne dans ce texte !
Est-il besoin d’en rajouter ?
Non, merci !
Bertrand VERGELY.
Méchant Chimiste